Les agriculteurs grognent en Allemagne. La décision du gouvernement de réduire les subventions pour le fioul agricole est la raison mise en avant par le DBV, l'équivalent allemand de la FNSEA. La situation économique actuelle d'un certain nombre d'entreprises agricoles est fragile, fragilité souvent renforcée par des investissements dans des machines de plus puissantes, de plus en plus consommatrices d'énergie fossile et de plus en plus coûteuses. Mais la crise est bien plus profonde.
Elle découle de quarante années de déréglementation des marchés agricoles couplées à une mondialisation du commerce de produits alimentaires. L'accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, contre lequel j'ai voté, s'inscrit dans cette logique de prix les plus bas possibles et de la mise en concurrence des paysans du monde entier. Lors de la dernière réforme de la PAC, j'ai défendu la mise en place d'outils de régulation des marchés européens permettant de limiter les volumes produits et de faire remonter les prix. La plupart des députés européens de droite se sont opposés à ces propositions.
En Allemagne, comme en France, l'agriculture sert de surenchères entre la droite et l'extrême droite. Elle utilise à dessein la question agricole pour jeter de l'huile sur le feu et empêcher toute action en faveur du climat, la biodiversité et le climat. Les éleveurs et les céréaliers sont frappés de plein fouet par l'augmentation des températures et les sécheresses à répétition qui affectent tout le continent année après année. Au lieu de penser à l'avenir, le COPA-COGECA défend bec et ongles le statu quo actuel, garantissant des primes PAC importantes à une poignée d’agromanagers qui poursuivent leurs courses à l’agrandissement sans consentir la moindre avancée pour améliorer la qualité de l'eau ou de la réduction de l'utilisation des pesticides et des engrais de synthèse qui déciment les pollinisateurs, le climat, la santé et la biodiversité.
C'est quand on est dans le rouge qu'il faut faire plus vert ! Des politiques plus agronomiques, plus écologiques sont indispensables pour l'avenir des paysans et la sécurisation durable de notre approvisionnement alimentaire. Dès à présent, nous devons réfléchir à la prochaine politique agricole commune européenne. Une chose est certaine, la guerre de la Russie contre l'Ukraine rebat sérieusement les cartes. Nous devons penser au revenu des agriculteurs, mais également à la qualité des sols, à la protection et à l'utilisation de l'eau, à la préservation de la biodiversité. Les réponses simplistes et corporatistes de la FNSEA et de ses partenaires politiques européens ne sont pas à la hauteur des enjeux. Au contraire, elles nous projettent encore plus vite dans le mur.
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