Stéphanie Muzard Artiste engagée et paysanne bio

Stéphanie Muzard  Artiste engagée et paysanne bio

Carnet de campagne du 30 mai 2021 : Semussac ou l'impression de voyage en périurbanisation mais faire-player !

Carnet de campagne 30 mai 2021. Semussac, impression de voyage en périurbanisation mais faire-Player !

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 Un désert des partages.

 

 

Après la transformation des fromages, je donne rendez-vous vers 10 h à Diane qui arrive « à bicyclette »

à la ferme.

 

 

Direction le « village » de Semussac au « marché, super » comme nous avons lu sur des sites !

Arrivés là -bas, de marché point il n'y a, tout au plus ici un café ouvert, là une poignée de commerces fermés en ce dimanche… sauf une « galerie » marchande, en face d’une « superette » entre plusieurs entrepôts …

 

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« En 2014, la commune comptait 2 381 habitants, en augmentation de 16,87 % par rapport à 2009 »

« La commune, dont la sécurité a longtemps été confiée à un garde-champêtre, a créé le 1er janvier 2016 un poste de gardien de police municipale, avec mission de police administrative et judiciaire, de maintien de l’ordre public et exécution des arrêtés de police du maire. La gendarmerie du secteur est située à Cozes. »

 

Sources : 

http://www.semussac.fr/fr/information/475/presentation-semussac

https://www.eterritoire.fr/territoires/nouvelle-aquitaine/charente-maritime/semussac/17425/6309?cadre-vie=commerces-et-services

 

 

Soit ! Courage à la garde-champêtre 2021 candidate départementale ! Il faut espérer pouvoir créer du lien dans l’espace public, vrai défi dans ce « village »  entre plusieurs balais incessants de voitures et des queues de personnes masquées, fuyantes et pressées, toutes concentrées en un même lieu où quelques commerces sont fermés pourtant.

 

 

 

J’installe ma grande peinture, chevalet, pupitre, me prépare à partager information, chansons, joie et bonne humeur tout en faisant passer nos idées, histoire qu’en cette journée de fête des mères, quelques sourires puissent transpirer sur ces visages masqués.

 

Tout de même, vu que je ne suis ni dans une rue, ni sur une place de « village », sans arbres, sans ombre, sans lieu piéton, avec uniquement un va-et-vient pédestre et courte distance entre voitures parquées le temps d’un achat… j’entre dans un des seuls « commerces » ouverts pour me présenter et informer de cette action, car je suppose que l’information au public que j’ai envoyée aux 9 communes n’a pas été communiquée aux habitants ni aux commerçants.

Impression de déranger juste pour informer, regards fuyants, j’explique de vive voix ce que je m’apprête à faire gentiment et qui est en effet "extra ordinaire" comme des croissants sans beurre .

 

Une jeune femme me répond «  Je ne sais pas ce n’est pas moi les patrons ».

 

Soit ! Persuadée d’être sur un domaine public, souriante aux gens, je me prépare.

 

J’entame deux courts roulements de tambour pas trop forts, sur une ligne blanche, entre deux places vides  le long de la file d’attente des clients et juste devant un semblant d’assis-debout, tables et chaises.

Les gens prennent les 4 pages que Diane leur tend de son côté.

 « Pensez- à l’avenir de vos enfants et petits-enfants ! » .

 

Je me prépare à sortir mon texte et mes informations, cahier de chansons ouvert sur pupitre.

 

Une autre femme vendeuse sort, téléphone en main -peut-être avec la direction, nul ne saura -  et me signifie - l’oreille collée à son téléphone sans fil -qu'Il faut que je parte plus loin, que ça fait du bruit, que je gêne et prend des places de parking devant.

 

 Je lui fais remarquer que si je m’installe plus loin, dans le dos des gens,  ce sera aussi sur une place de parking OU en plein milieu des manœuvres délicates et étroites des voitures très pressées de quitter cet endroit qui n’a rien de convivial, esthétique et attirant … pas un espace piéton, pas de bancs, de chemins, entre deux buttes de remblais qui séparent ce lieu de plusieurs routes passantes, entre des zones d’habitats individuels récents.

 

Autrefois, à Semussac, il devait y avoir commerces, centre bourg et terres cultivées là où ont poussé des maisons individuelles… voire des halles avec foires et marchés ! En effet.... d'avril à Septembre...

 

 

Je décide donc de ne pas faire de partages citoyens et électoral si cela est vécu comme indésirable.

 

« Donner de l’or à des cochons » aurait dit ma grand-mère.

 

Pas la peine de perdre son temps quand les énergies sont négatives !

 

Je me suis sentie presque vécue comme un paria (définition : En Inde, Individu hors caste, dont le contact est considéré comme une souillure.).

 

ça en dit long sur la place des artistes, de l’art, du patrimoine, de l’histoire, de la culture, des citoyens engagés souhaitant entrer en contact direct avec autrui, ainsi que l’état des libertés.

 

Dans le regard des gens faisant la queue qui attendaient sans doute de connaître ce que j’allais faire, dire, chanter :  un peu de perplexité, déception, ou gêne face à ce mini événement culturel hyper éphémère et son « accueil ».  

 

« Dommage, je ne chanterai pas de chansons à mes concitoyens ! Même pas les petits pains au chocolat  de Joe Dassin ! », je plie tout en marmonnant assez haut mes impressions de (court) voyage sidéral en périurbanisation.

 

 « C’est comme ça les villages, maintenant : plus de marchés, plus de commerces, plus de musique, plus de liens : des parkings ! Et tous masqués. »

 

J’entre dans l’autre commerce faire des achats et je me dis intérieurement en en doutant :

 

«  Peut-être que le monsieur, lui, voudra bien que je m’installe devant chez lui pour faire l’animation »

 

et je lui pose une question sur ce lieu. Il me raconte que c’est un parking privé avec un seul propriétaire des locaux que les « commerces » louent.  En quelques mots d’échanges sur la problématique de l’espace public, il ne propose rien donc je n’insiste pas.

 

De toutes façons, je ne sens pas ce lieu, pour moi, ce n’est plus un espace de village et de liens humains.

 

Pas adapté donc à mon message à caractère rural.

 

Je dis à Diane : « Viens, on se casse d’ici, on va tenter de distribuer en boîte aux lettres, puisqu’on est là mais avant on va se boire un coup au seul café ouvert. Préviens Xavier que ce n’est pas la peine qu’il vienne jouer de la musique avec sa petite, il sera mieux à profiter de son dimanche ! »

 

Fair Play et Faire Player !

 

 Allez hop,  nous voilà à entrer au « player », seul café et PMU du village, boire mon premier coup en terrasse depuis des mois, à discuter avec la patronne et la jeune femme au comptoir, riches échanges sur le quotidien, et là :

 

«  allez-y, installez tout, faites votre truc, ici, pas de soucis au contraire. Ah si on avait su plus tôt, on aurait fait des flyers pour qu’il y ai du monde»… «  mais je ne suis pas chanteuse pro, je suis artiste peintre et paysanne bio, en campagne électorale etc etc ». ça n’a pas eu l’air de la déranger de faire vivre la démocratie et les libertés d’expression…

 

 

Sur ce, Xavier arrive, il n’avait pas eu le message par Diane, et donc, c’est parti :

 

on plante le drapeau dans un pied de parasol, pupitre, tableau apprécié, caisse claire, trompette, clairon, voix, sur la terrasse, quelques clients sirotaient, les habitués, les papis, des jeunes…

 

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Et bien… c’était génial !!! On a passé vraiment un bon moment, à rire, sourire, chanter à capella en étant filmés par la petite jeune serveuse, et en commençant par le chant de partisans

 

 

 

parodies, « à bicyclette », « Salsa OGM », «  La vie en vert », «  Cumuls, cumuls, cumuls », ( à voir sur TVcitoyenne et ma webtv)  « Mon amant de St Jean », « La maison près de la fontaine »,  «  Syracuse » pour finir « chez Laurette » devenu « chez Thérèse ! » .

 

 

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Patronne, jeunes, clients ont chanté avec nous, se sont levés et ont même dansé sur le trottoir, devant la terrasse. Tandis que les voitures défilaient sur un boulevard de solitude, avec, à leurs bords des gens intrigués, étonnés ou souriants, avec des signes ou des exclamations sympas car ils sentaient bien qu’il se passait quelque chose "d’extra ordinaire dans une vie ordinaire".

 

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La patronne Thérèse a saisi le drapeau EELV et l’a agité le long de la rue aux automobilistes !  Petit moment de fraternité et de liens, pendant plus d’une heure et demie. Discussions sur les problématiques sérieuses et de la vraie vie, sur la périurbanisation, la disparition des commerces, des liens et du savoir être et vivre au monde.  

 

On a déposé un paquet de nos 4 pages chez Thérèse.

 

On a échangé nos coordonnées et si on le peut, on reviendra dimanche prochain OU je viendrais réaliser mon tableau en direct, faire le portrait d’un des leurs.

 

Je repense à mon enfance et au bar pmu chez Jeanine, rue des déportés et internés de la Résistance à Montargis, à mon grand-père qui chantait souvent... je devais avoir l'âge de Pauline qui nous accompagnait aujourd'hui, sage comme une image et souriante.

 

"Que reste-t-il de nos amours ?

Que reste-t-il de ces beaux jours ?

Une photo,

belle photo, de ma jeunesse ...."

Charles Trenet.

 

 

Je repense aux joueurs de cartes de Cézanne et à tous les tableaux des grands maîtres de la peinture, esprit fin de siècle, de Toulouse Lautrec à Van Gogh :

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Si ces commerces n’existaient pas ou plus, nous ne pourrions même plus avoir de lieu où s’exprime la culture populaire mais aussi et surtout  une certaine idée de la Liberté, Egalité, Fraternité… et donc de la République ! C’est en allant boire un p’tit crème qu’au final on démasque les dégâts, la tristesse du libéralisme, du consumérisme et de l’individualisme, mortifères…mais qu’on rencontre encore à Semussac :

 

 À sa façon de nous appeler ses "gosses"
On voyait bien qu'elle nous aimait beaucoup
C'était chez elle que notre argent de poche
Disparaissait dans les machines à sous

Après les cours, on allait boire un verre
Quand on entrait, Thérèse souriait
Et d'un seul coup, nos leçons, nos problèmes
Disparaissaient quand elle nous embrassait

C'était bien chez Thérèse
Quand on faisait la fête
Elle venait vers nous, Thérèse
C'était bien, c'était chouette
Quand on était fauchés
Elle payait pour nous, Thérèse

Et plus encore, afin qu'on soit tranquilles
Dans son café, y avait un coin pour nous
On s'y mettait pour voir passer les filles ( automobiles !)
Et j'en connais qui nous plaisaient (pas) beaucoup

Si par hasard, on avait l'âme en peine
Thérèse seule savait nous consoler
Elle nous parlait et l'on riait quand même
En un clin d'œil, elle pouvait tout changer

C'était bien chez Thérèse
On y retournera
Pour ne pas l'oublier, Thérèse
Ce sera bien, ce sera chouette

Et on reparlera
Des histoires du passé, chez Thérèse
Ce sera bien, ce sera chouette
Et on reparlera
Des histoires du passé, chez Thérèse….

 

Hommage à Michel Delpech et Laurette !

 

 

MERCI et à très bientôt ou lorsque nous passerons lors de trajets vers la côte de beauté, nous nous arrêterons pour avoir créé des liens sur des valeurs communes.

 

 Aux urnes citoyens !!!!!!!

 

 

 Promis si je reçois les captures vidéos citoyennes, et que je peux les mettre en ligne : je les joins de nouveau à cet article !

 

 

 

 



30/05/2021
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