agriculture naturelle...la millénaire !
Agriculture biologique - Un insecticide vietnamien très épicé - de Bùi Ngoc Long -
Courrier International -
13/19 Janvier 2011
Un inscticide vietnamien très épicé
Pour protéger leurs cultures contre les parasites, des paysans du centre du pays utilisent un cocktail efficace d'ail, de piment et de gingembre.
Depuis près de deux ans, les paysans du hameau de Khe Su (village de Lôc Tri, district du Phu Lôc, province de Thua Thièn-Hué) appliquent une méthode d'éradication des parasites tout à fait originale. Ils utilisent en effet du piment, de l'ail, de l'oignon, du gingembre entre autres, pour fabriquer un produit contre les insectes qui s'attaquent aux cultures.
Pour que nous puission nous en rendre compte de nos propres yeux, Pham Van Bièn, un agriculteur du hameau, va chercher dans sa cuisine une poignée de piments, d'ail, d'oignons frais et autres légumes. Il met tous les végétaux dans un mortier, les réduit en poudre, y ajoute de l'eau et une décoction de son et de riz dans des prportions conformes à une formule préétablie. Il verse ensuite le mélange dans un pulvérisateur, puis en asperge les champs de liserons d'eau (Ipomoea aquatica), de rau dên (une espèce d'amarante), de gombos et d'aubergines. Selon Pham Van Bièn, depuis qu'il utilise cette préparation, ses cultures maraîchères n'ont plus jamais la visite d'un seul parasite.
"Ce n'est pas nous qui avons inventé cet insecticide, explique Cao Thah, un autre paysan, mais Pr Lê Dinh Huong, de l'université d'agriculture et de sylviculture de Hué, et des cadres du projet de la Jica (Japan International Cooperation Agency, l'Agence japonaise de cooprération internationale). Is sont venus nous donner une formation et nous guider. Ils avaient vu que, pour travailler la terre, cultiver nos champs, soigner nos cultures, nous étions obligés de nous servir de beaucoup de produits chimiques nocifs pour combattre les parasites. Maintenant on sait comment fabriquer des engrais et des pesticides à partir de fruits et légumes, à la fois non polluants pour l'environnement et no toxiques pour les consommateurs. C'est vraiment formidable"
Cao Thanh ne s'est pas contenté d'utiliser les engrais et insecticides à la base de produits 100% naturels ainsi obtenus pour traiter ses cultures potagères. Il a audacieusement réservé une parcelle près de 500 mètres carrés à une expérience de culture de riz biologique, qui s'est révélée plus que concluante. A la dernière récolte, le rendement y est en effet aussi élevé que sur le reste de ses rizières, qui avainet été traitées avec des engrais et des pesticides chimiques. Qui plus est, la qualité du riz cultivé dans le champ expérimental est nettement supérieur et son grain particulièrement beau "L'année prochaines, je vais généraliser cette méthode de culture à la totalité de mes terres", annonce avec confiance Cao Thah.
Les paysans de Khe Su fabriquent aussi des engrais et des pesticides naturels à partir du vinaigre de charbon et des graines de neem (un arbre exotique étalement appelé margousier, Azadirachta indica A. Juss), Selon un procédé que leur a présenté Shugo Hama un spécialiste de l'agriculture biologique de l'université d'agriculture et de technologie de Tokyo. M. Shugo Hama a passé des années à étudier les techniques traditionnellement employées dans les campagnes de son pays, avant d'en faire la synthèse pour la diffuser auprès des paysans du Vietnam, dans le cadre de projets en faveur de l'agriculture engagés par la Jica. Il s'agit d'apporter une assistance technique, de conseiller et d'enseigner des techniques de production sans danger pour l'envionnement et les consommateurs.
Grâce à ces programmes, les agriculteurs de Khe Su ont appris le procédé de compostage par fermentation microbienne pour transformer balles de paddy, paille, branchages et feuillages et engrais naturels. Désormais, ils savent aussi brûler du charbon pour en extraire un vinaigre qui, une fois mélangé aux graines de neem, donne un insecticide efficace. Le Pr Lê Dinh Huong s'est joint à l'action de la Jica à Khe Su.
"A vrai dire, commente-t-il, l'idée d'utiliser des pesticides d'origine végétale n'est pas nouvelle. D'autres pays ont adopté ces méghodes depuis longtemps déjà. Mais on a tellement eu recours aux produits chimiques pour assurer un développement aussi rapide que rentavle de l'agriculture qu'on a progressivement ouvlié les techniques traditionnelles. Cependant, les effets nocifs sur la santé humaine des résidus chimiques contenus dans les aliments ont été amplement démontrés, suscitant aujourd'hui de vives inquétudes. C'est pourquoi on observe maintenant un retour à des méthodes de production traditionnelles, éprouvées dans le temps, saines et non polluantes"
Selon Nguyen Tam, chef du hameau de Khe Su, si l'on veut que ce projet de cultures biologiques se développe largement dans le pays, il faut qu'il entre dans le cadre d'une politique globale de l'Etat. En l'absence d'un soutien des pouvoirs publics, les paysans resteront obnumilés par la perspective de profits plus élevés et plus rapides procurés par les engrais et les pesticides chimiques. Bùi Ngoc Long
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